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Faire avec passion
Jean d’Orgeix fut successivement un grand cavalier, un entraîneur charismatique et un théoricien enthousiaste. Il a eu une carrière de cavalier courte mais fulgurante. Courte puisqu’il abandonne l’équitation pour d’autres activités après sept ans seulement de compétitions internationales. Fulgurante puisqu’en sept ans, sur 781 épreuves de saut d’obstacles, il en gagne 288. Premier entraîneur national de saut d’obstacles, il prit en main l’équipe de France en 1973, au moment où les victoires étaient rares. Trois ans et demi après, la médaille d’or aux J.O. de Montréal consacrait le nouvel élan et le talent des cavaliers français. Jean d’Orgeix est, sans contexte, celui qui a le plus marqué son époque. Décédé accidentellement au mois de juillet 2006, il laisse de nombreux ouvrages équestres et DVD pédagogiques
Carrière courte car Jean avait d’autres passions.
Formé par Louis Jouvet à l’art de la scène, il fut vedette de pièces puis de films à succès. Il tourna de 1933 à 1958 et eut même l’opportunité en 1955, avec Sacha Guitry, d’incarner un de ses ancêtres, le comte d’Orgeix, aux côtés de Jean Marais dans Si Paris nous était conté.
Il interpréta le rôle de Piccolo près de 2000 fois dans L’Auberge du Cheval-Blanc, opérette dans laquelle il commença à jouer à l’âge de 11 ans[1].
Il devint directeur du théâtre Daunou à la suite de l’acquisition de celui-ci par René Sancelme en 1939.
Dans les années 1950-1960, Jean d’Orgeix fut, avec Marcel Charollais, parmi les grands champions de voltige aérienne aux commandes d’un Stampe SV-4, un biplan. Formé au centre de Saint-Yan, il obtint le titre de champion national amateur en 1954 à Toussus-le-Noble.
Il remporta le Lockheed Trophy organisé à Coventry, tenant lieu de championnat du monde. Dans ses démonstrations il allait chercher, en volant sur le dos, un mouchoir posé à 3 m d’altitude sur un fil tendu. À cette époque, il s’entraîne pour la voltige depuis le petit aérodrome de Léognan-Saucats en Gironde, ce qui lui permet également de s’entraîner à cheval au centre équestre du château Bois-Martin, à proximité, où il rencontre des hôtes tels que Boris Vian ou François Missoffe.
Il devient membre du conseil d’administration de l’Association française de voltige aérienne (AFVA) en 1968 et participe à des meetings aériens à la même époque[3].
OEn 1955, il découvre l’Afrique et devient guide de brousse et organisateur de safari de 1958 à 1973 en Centrafrique[6], ce qui lui vaut le surnom de « l’Africain blanc ». La cause de son premier divorce a été la présence constante de sa panthère Zouma au pied de son lit conjugal.
C’est durant cette période que nous nous sommes rencontrés. J’ai eu le privilège d’être son ami et homme de confiance en Afrique. Il m’a fait découvrir la vie et les lois de la nature. Après avoir dirigé sa base de safaris et guidé de nombreux safaris durant quelques années, je me suis épris d’autres horizons…. la mer. Plutôt homme de terre, il m’a cependant accompagné sur mon trimaran et avons vécu ensemble une tempête mémorable. A l’issue de cette croisière il vendit sa maison puis acquéreur d’un voilier, prit la mer a son tour sur le “Fleur de lys” en compagnie de sa femme Eliane.
En 1990, son dernier exploit, à 70 ans, consista à accomplir 13 000 kilomètres sur un canot pneumatique, avec sa femme Nathalie et son chien Bobby, entre Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône) et Calcutta en Inde[5].
Jean était un passionné, courageux, fidèle en amitié, généreux, intelligent, avec un sens de l’honneur qui fait tant défaut de nos jours. Notre amitié sans concession continue de me manquer.